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  • cedolindelphine

Colères d’enfants, colères d’adultes... parlons-en!

Dernière mise à jour : 3 mai 2021


Comment diminuer les colères de nos enfants et les nôtres? Voici 3 clés qui vous aideront à moins être en colère, à mieux gérer les colères de vos enfants et aussi à les diminuer.

Première clé: accepter la frustration

En devenant maman j’avais cette idée qu’être un bon parent c’était réussir à faire en sorte que tout se passe toujours bien sans cri ni frustration de la part de l’enfant comme du parent. Vous imaginez bien que je suis tombée de haut!

C’est la première clé que je veux vous donner: accepter la frustration, accepter la réalité sans attendre de la part de votre enfant un comportement qui n’est pas adapté à son âge et sans avoir l’attente irréaliste qu’on peut toujours éviter la frustration.

Ce qui m’a aidé c’est de comprendre ce qu’est la frustration, à quoi elle sert et comment la gérer.

La frustration est souvent l’élément catalyseur de l’apprentissage: nous avons un besoin, nous ressentons une frustration et cela nous pousse à développer nos capacités afin de répondre à notre besoin. La frustration fait donc partie du processus d’apprentissage: L’enfant veut marcher, la frustration le pousse à essayer encore et encore jusqu’à ce qu’il y arrive. L’enfant veut s’exprimer, il ressent le besoin d’apprendre à parler, donc il ressent une certaine frustration, ce qui le pousse à essayer et à petit à petit développer ses capacités.

Cette frustration au moment de l’acquisition du langage, par exemple, peut se traduire par des morsures. Il est très courant que l’enfant morde vers l’âge de 2 ans parce qu’il n’arrive pas à s’exprimer autrement. Dans ce cas, mon rôle de parent est d’aider mon enfant à reconnaitre son émotion, sa frustration et de lui donner une alternative autre que mordre.


Pour être en capacité de faire cela, je dois d’abord comprendre que le comportement de mon enfant fait partie de son processus d’apprentissage. C’est normal! Je n’ai pas à m’en sentir coupable ni à chercher ce que je fais de mal. Mon rôle, à ce moment là, est de le soutenir en lui apportant de l’empathie, en lui disant par exemple “Tu es en colère? Tu veux aussi ce jouet? Tu as le droit d’être en colère mais tu n’as pas le droit de mordre. Quand le jouet sera libre tu pourras l’utiliser.” Si je vois que l’enfant n’est pas en capacité d’attendre et qu’il s’apprête à mordre, je peux m’éloigner avec lui et attendre qu’il se calme. L’erreur à ne pas faire est d’attendre d’un enfant de deux ans qu’il n’éprouve pas de frustration dans certaines situations, parce que dans ce cas, je peux ressentir de la colère... de la colère contre lui parce qu’il n'arrive pas à se calmer mais aussi contre moi parce que je pense être un mauvais parent.

Souvent les parents me disent: “je ne comprends pas, j’ai tout fait pour lui et il a quand même pleuré!”. C’est normal. Le parent peut décider à quel moment il met la limite mais de toutes manières, l'enfant ressentira un moment de frustration face à cette limite.

COMPARONS

Pour faire comprendre la frustration d’un enfant face à une limite et son droit d'exprimer cette frustration, je demande toujours aux parents de penser à un adulte qui se gare sur une place interdite et qui trouve une amende à son retour. A ce moment tout adulte qu’on soit, on éprouve aussi une frustration. Si on savait qu’il était interdit de se garer là, on est un peu moins en colère.... Comme un enfant qui est prévenu à l'avance que c’est le dernier bonbon. Mais je ne connais personne qui se dise: “Ah c’est bien fait pour moi, j’ai transgressé la limite et j’en subis la conséquence.”. Non! Je râle, même si à la fin je vais payer l’amende, j’ai le droit de râler. En ce qui me concerne j’irai même plus loin, lorsque je rentre chez moi le soir et que je raconte à mon conjoint que j’ai eu une amende, j’attends empathie et soutien, j’attends qu’il me dise “ah oui je te comprends, c’est énervant!” Je n’ai pas du tout envie qu’il me fasse la morale. Et s’il s’avère de me faire remarquer que c’est de ma faute parce que je me suis garée à une place interdite, alors là, je vais décharger toute ma frustration sur lui! Je vais avoir l’impression qu’il est contre moi. Et bien c’est pareil pour les enfants!

Une fois que j’ai compris le rôle de la frustration dans le processus d’apprentissage, une fois que j’ai compris qu’il est impossible de l’éliminer complètement, je vais pouvoir me concentrer sur les questions suivantes: comment aider mon enfant à gérer cette frustration afin que les temps de colère soient réduits au maximum et qu’il y en ait de moins en moins.

Ce qui nous amène à la deuxième clé que je veux vous donner:

Deuxième clé: comment et quand mettre les limites

Je vais vous dire deux secrets qui ont changé ma vie: Le premier est qu’on ne met pas les limites aux autres mais qu’on se les met à soi-même... le deuxième est qu’il faut mettre les limites avant d’être au bout du rouleau, avant le “pétage de plombs”.

Parlons d’abord du premier point: comment mettre les limites?

De manière naturelle, nous, parents, allons vouloir mettre en place les limites en contrôlant les actions de nos enfants: ramasse tes vêtements! Ne mange pas toute la tablette de chocolat! Mets la table! Parle-moi correctement!, Etc... Mais du coup, lorsqu’ils refusent, nous nous sentons coincés ... et devons choisir entre laisser passer ou entrer dans un rapport de force. Dans certaines situations, même, c’est un peu comme si on leur donnait le bâton pour nous battre: on leur donne la possibilité de dire non. Par contre si nous nous mettons la limite à nous-même cela change la donne: “Je lave uniquement les vêtements qui sont dans le panier! Je n’achète du chocolat qu’une fois par semaine! Je ne réponds que quand on me parle bien! Je fais à manger dès que tu viens mettre la table!” Etc...


Je dis ce que moi je fais et non ce que je veux que l’autre fasse. Cela me permets de mettre les limites sans entrer dans un rapport de forces.

Patience et bienveillance... Je veux rappeler que tout apprentissage est un processus et que parfois, moi parent, je dois juste être patient/e. Parfois l’enfant apprendra grâce à la conséquence et celle-ci n’arrive pas forcément immédiatement.

Je veux aussi souligner que l’efficacité et l’intégration d’une limite se fait essentiellement quand elle est mise en place avec bienveillance, avec respect, sans rapport de force: lorsque le parent soutient l’enfant dans sa frustration avec empathie et encouragement.


Par exemple on achète une glace à son enfant, on lui explique qu’il faut la tenir bien droite, qu’elle risque de tomber s’il continue de sautiller dans tous les sens comme il est en train de le faire... il continue et la glace tombe! Instinctivement on a envie de hurler “Je te l’avais dit, pourquoi tu m’as pas écouté, c'est bien fait pour toi!” C’est pourtant à ce moment là qu’on doit le soutenir: Il a besoin d’entendre “Oui tu es triste je comprends. Tu veux un câlin?” On tient la limite: on ne rachète pas de glace. Mais on soutient l’enfant dans sa frustration.


L’enfant est dans un processus d’apprentissage alors que l’adulte, lui, a la capacité de comprendre qu’il est normal qu’un enfant en bas âge fasse cette expérience et que c’est normal qu’il se sente frustré et essaye d’obtenir une deuxième glace. C’est à moi le parent de savoir qu’il va apprendre à gérer cette frustration, que si je lui rachète une glace cette situation se reproduira encore et encore. Si j’intègre le fait que la frustration fait partie de l’apprentissage, je vais être capable de ne pas me mettre en colère et d’attendre que mon enfant gère la sienne.

Le rôle du parent est de mettre des limites avec respect et le rôle de l’enfant est de tester ces limites en essayant de les repousser.

Parlons à présent du deuxième point: quand mettre la limite?

Il est certain que si je suis excédée, épuisée et énervée au moment où je mets ma limite, je serai dans l’incapacité totale de soutenir mon enfant dans sa frustration, de l’encourager. Je me retrouverai au même niveau que lui!

Imaginez-vous quelqu’un qui tombe dans un trou profond et qui a besoin d’aide pour en sortir. Si vous sautez dans le trou avec lui vous serez tous les deux coincés. Vous ne pourrez l’aider que si vous restez en dehors du trou. Et bien c’est pareil avec votre enfant: si vous attendez d’être très énervée et frustrée avant de mettre en place la limite, vous ne pourrez pas l’aider à supporter sa propre frustration. Vous n’arriverez déjà pas à supporter la vôtre! Donc je dois savoir quand dire "stop", quand dire "non".


Si je mets ma limite avant mon point de non retour et en acceptant la frustration de mon enfant, je pourrai alors être là pour l’aider à gérer sa propre frustration et sa colère passera plus vite.

Prenons un exemple concret: j’amène les enfants au parc. Il fait froid et je veux y rester maximum une heure. Je vais donc les prévenir 20 minutes avant le moment du départ que dans 5 minutes nous partirons. Et je prévois 15 minutes pendant lesquelles ils vont râler et tenter de me convaincre de rester. Je me prépare à répéter plusieurs fois “Je sais que tu t’amuses bien, mais maintenant il est l’heure on y va”. Je sais et j’accepte qu’il y aura frustration, je ne me sens pas moi-même frustrée parce que j’ai anticipé et du coup je suis capable de les encourager “demain on reviendra tu sais”, “si on rentre vite on aura le temps de faire ci ou ça...”, “tu préfères passer par quel chemin pour rentrer?”, etc...


Résumons:

Pour diminuer les colères de nos enfants il est nécessaire de comprendre et d’accepter qu’il y aura frustration quand je mettrai une limite. Ce que je peux choisir c’est mettre en place la limite avant d’être énervée afin de pouvoir être sereine devant la frustration de mon enfant. Plus je vais être assertive, sans m’énerver et avec encouragement, plus la colère passera vite.

Souvent les parents me disent “Oui mais on a pas le temps, pas l’énergie...” Effectivement on a pas toujours le temps. Parfois on est pressé. Le matin c’est compliqué. Parfois on est trop fatigué donc on s’énerve vite. C’est la vie. L’idée n’est pas d’être toujours disponible et à l’écoute mais de créer des moments où l’on est disponible et à l’écoute. Je vous invite à chercher des moments où vous avez le temps et où vous n’êtes pas trop fatigué. Si vous vous rendez compte que de toute la journée, voire de toute la semaine, il n’y a pas un moment où vous avez le temps alors il y a un sérieux problème. C’est à vous de trouver ce temps aussi minime qu’il soit. En trouvant le temps, vous pourrez dire à l’enfant par exemple: “Ce matin on a pas le temps mais cet après- midi c’est toi qui fera tout seul”.

Troisième clé: choisir ses guerres.

Il vaut mieux mettre moins de limites mais que celles-ci soient très claires et toujours tenues plutôt que de vouloir mettre des limites sur tout, de ne pas être capables de les tenir et du coup de crier trop souvent à notre gout.

Cela signifie que je vais décider de mes priorités en tant que parent, que je vais choisir là où je mets les limites, là où je garde le contrôle et là où je laisse l’enfant faire son expérience sans mon intervention. Cela va dépendre de l’âge de l’enfant bien sûr mais aussi de nombreux autres critères. C’est en partie ce travail qui est fait lors des séances de coaching parental. Après avoir réfléchi et décidé quelles règles vont être mises en place, les parents n’ont plus cette impression désagréable d’être dépassés et du coup ils s’énervent beaucoup moins.

Le parent va donc créer des espaces où il n’intervient pas, où l’enfant a le droit de choisir, ce qui implique que dans ces espaces, l’enfant a le droit de dire non. Cela a l’avantage de permettre au parent de ne pas endosser toujours le rôle de “policier”, de lâcher prise, mais pas seulement.

Il est important de créer ces espaces où les enfants peuvent dire non pour plusieurs raisons: Pour qu’ils puissent s’affirmer et savoir qui ils sont. Souvent les parents veulent que leur enfant soit très obéissant à la maison mais qu’il sache dire non à un adulte dehors, donc à l’autorité, au cas où il faudrait. Ce n’est pas possible. Soit on élève un enfant de manière à ce qu’il obéisse à l’autorité, soit on élève un enfant de manière à ce qu’il pense et décide par lui-même.

Bien entendu quand je parle de laisser l’enfant dire non, je ne conseille pas du tout de lui donner des responsabilités qu’il n’est pas encore apte à supporter ni de le mettre en

danger. Je parle ici d’un espace que le parent choisi délibérément de ne pas contrôler afin que l’enfant s’autorise à essayer, refuser, s’imposer et à se tromper. Cela peut être les vêtements, l’alimentation etc...

Je reviens sur ce que je vous disais toute à l’heure, à savoir que l’apprentissage est un processus. Je pars du principe qu’on apprend en se trompant.

Rappelez-vous la période où votre enfant a appris à marcher. Cela a pris plusieurs mois, pendant lesquels il a progressé doucement: D’abord il s’est maintenu debout. Vous l’avez encouragé, applaudi, vous étiez fiers. Puis il a fait ses premiers pas. Vous vous êtes extasié, vous avez raconté cela à vos parents, à la famille. Il est tombé de nombreuses fois et pourtant pas un seul instant vous n’avez douté qu’il allait y arriver, pas un seul instant vous n’avez été en colère parce qu’il n’y arrivait pas encore. Il voyait dans votre regard qu’il allait y arriver, et cela a accéléré le processus. Quand il tombait et qu’il pleurait, vous étiez capable de l’aider à se relever, de le consoler et de le laisser continuer son apprentissage.

Je veux vous remettre en contact avec ce moment et vous dire que l'encouragement que vous avez été capable de donner à ce moment là est aussi celui dont votre enfant a besoin au quotidien dans tous les apprentissages: penser à prendre ses affaires, partir à une heure précise, partager avec les autres, faire les devoirs, quand il apprend à gérer sa frustration face à la glace tombée par terre, etc... Si l’on repense à ce moment où l’enfant a appris à marcher, il ne viendrait à aucun parent l’idée de dire: “Ah mais là j’ai pas temps, j’ai pas l’énergie!”

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